/ 3061
1088. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Je vois le moraliste dans tout ce qu’il fait, et dans la manière dont il le fait ; je le vois dans cette réputation équivoque qui lui est demeurée des querelles de la Fronde, dans l’obscurité qui couvre son rôle et son caractère, sauf à l’endroit de la bravoure, où il n’eut au-dessus de lui que le grand Condé. […] Plus tard, compris dans l’amnistie, il changea entièrement de manière de vivre, ou plutôt il prit possession de sa véritable vie, vie de réflexion et de conversation, par laquelle, a dit Mme de Sévigné, « il s’est rapproché tellement de ses derniers moments, qu’ils n’ont eu rien d’étranger pour lui94. » Il consacra ses loisirs, partie à écrire ses Mémoires et à méditer ses Maximes partie à des lectures avec des personnes d’esprit, et à des conversations où il y avait beaucoup à moraliser. […] Malgré le désintéressement qui lui fit retrancher toutes les maximes trop particulières, et toutes les généralités hasardées, le malaise de sa vie à cette époque, ses froissements personnels, ses luttes, sa passion pour Mme de Longueville, à laquelle il eût sacrifié l’Etat, lui avaient fait un fond d’humeur qui s’épancha dans ses pensées et attrista sa raison d’une manière irréparable.

/ 3061