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1069. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Il est vrai que ces mouvements seront des perceptions encore, des perceptions « possibles », de sorte que cette seconde hypothèse est plus intelligible que l’autre ; mais en revanche elle devra supposer à son tour une inexplicable correspondance entre ma perception réelle des choses et nia perception possible de certains mouvements cérébraux qui ne ressemblent à ces choses en aucune manière. […] S’ils n’en sont que l’occasion, c’est qu’ils n’y ressemblent en aucune manière ; et dépouillant alors la matière de toutes les qualités que je lui ai conférées dans ma représentation, c’est à l’idéalisme que je vais revenir. […] Et nous avons trouvé, en effet, que la reconnaissance d’un objet présent pouvait se faire de deux manières absolument différentes, mais que, dans aucun des deux cas, le cerveau ne se comportait comme un réservoir d’images. […] Aussi n’a-t-il pu expliquer ni comment le souvenir adhère à la perception qui l’évoque, ni pourquoi l’association se fait par ressemblance ou contiguïté plutôt que de toute autre manière, ni enfin par quel caprice ce souvenir déterminé est élu parmi les mille souvenirs que la ressemblance ou la contiguïté rattacherait aussi bien à la perception actuelle.

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