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313. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

En attendant, il mène large et joyeuse vie dans ses maisons de campagne aux bords du lac ; il donne à dîner à ces mêmes ministres de Genève dont d’Alembert a blessé la susceptibilité et la conscience : « Ce n’est pas tout de se moquer d’eux, écrit-il, il faut encore être poli. […] Sa maison des Délices est bien voisine de Genève, et il ne serait pas glorieux pour lui qu’après avoir été sous la griffe d’un roi à Berlin, il retombât sous celle d’une petite république et de ses bourgeois souverains : « J’ai une maison dans le voisinage, qui me coûte plus de cent mille francs aujourd’hui, écrit-il en janvier 1757 ; on n’a point démoli ma maison. » Cela prouve du moins que l’idée qu’on pût lui faire quelque mauvais parti lui était venue. […] Thieriot venait de le féliciter d’avoir joint Ferney aux Délices, et d’avoir pied en deux endroits : Vous vous trompez, lui répond joyeusement Voltaire, j’ai quatre pattes au lieu de deux : un pied à Lausanne, dans une très belle maison, pour l’hiver ; un pied aux Délices, près de Genève, où la bonne compagnie vient me voir : voilà pour les pieds de devant.

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