À Airvault, dans le Poitou, les officiers municipaux, le colonel de la garde nationale, quantité de « manants et habitants », demandent à conserver les chanoines réguliers de Saint-Augustin. « Leur existence, dit la pétition, est absolument essentielle tant pour notre ville que pour les campagnes, et nous ferions une perte irréparable par leur suppression. » La municipalité et le conseil permanent de Soissons écrivent que la maison de Saint-Jean-des-Vignes « a toujours réclamé avec empressement sa part dans les charges publiques. […] Un autre gentilhomme veuf passe ses jours à boire, vit dans le désordre avec ses servantes, et met les plus beaux titres de sa maison à couvrir des pots de beurre » […] Dans une telle situation, les départs entraînent les départs ; plus la province est délaissée, plus on la délaisse. « Il n’y a pas dans le royaume, dit le marquis de Mirabeau, une seule terre un peu considérable dont le propriétaire ne soit à Paris, et conséquemment ne néglige ses maisons et ses châteaux77. » Les grands seigneurs laïques ont leur hôtel dans la capitale, leur entresol à Versailles, leur maison de plaisance dans un cercle de vingt lieues ; si de loin en loin ils visitent leurs terres, c’est pour y chasser. […] Je n’exagère pas en disant que cela m’est arrivé cent fois dans les premières maisons du Royaume-Uni. […] » Les gardes de la forêt de Gouffern en Normandie « sont si terribles, qu’ils maltraitent, insultent et tuent les hommes… Je connais des fermiers qui, ayant plaidé contre la dame pour se faire indemniser de la perte de leurs blés, ont perdu leur temps, leur moisson, et les frais du procès… On voit des cerfs et des biches errer auprès de nos maisons en plein jour ».