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346. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

C’est l’école que je redoute, ce sont les disciples non avoués d’un maître supérieur, mais un peu imprudent. […] Cousin avait pris d’emblée le meilleur, a publié récemment un livre sur la comtesse de Maure, l’amie de Mme de Sablé, sans assez se dire que le maître lui-même, en donnant tout un volume sur cette illustre marquise, avait excédé les proportions : une couple de chapitres eussent suffi. […] Vous voulez nous parler du plus poli des écrivains, de l’auteur d’un livre à jamais immortel dans son expérience amère et son élégante concision, et voilà comment vous vous exprimez : « Dès son retour à Paris (en 1657), il (M. de La Rochefoucauld) devint un des fidèles du salon de Mme de Sablé, de précieuse mémoire, et se lia avec l’académicien Esprit, pour lequel il ne cessa, dans ses lettres à la noble marquise, de montrer une déférence marquée… Pendant sa retraite, il avait composé des Mémoires, mais il paraît avoir de bonne heure ensuite pris goût à la mode des Maximes, inaugurées par Mme de Sablé et par Esprit, dont il suivit à cet égard ponctuellement d’abord les conseils… » — Mais, jeune homme, vous n’avez donc pas eu en votre temps un maître de rhétorique ou de seconde qui vous ait appris à mesurer vos phrases, à écrire sinon élégamment, du moins suffisamment, à ne pas accumuler les adverbes ? […] On n’attache pas des étiquettes de la dernière platitude aux tableaux des maîtres. […] Je demande pardon à mes maîtres de leur résister ainsi en matière de goût.

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