L’objection que l’on doit faire au système de Hartmann, Laforgue ne l’évite pas et, comme son maître, il a le tort de transformer en une entité substantielle une qualité de la substance. […] Peut-être, ailleurs, Moréas prétend-il à de plus profonds mystères… Mais alors, il est obscur, excessivement obscur, et cet écrivain, si soigneux de son style et si maître de sa langue, tombe dans le pathos, si je ne me trompe, quand il traite du « Pur concept » : Fi ! […] Certains ont l’élégance affiliée, la tendre joliesse et le charme des chansonniers du xiiie siècle et de ce Thibaut de Champagne que Moréas nomme souvent : Et le comte Thibaut n’eut pas de plainte plus douce Que les lays amoureux qui naissent sous mon pouce, et qu’une fois il appelle « le grand Thibaut, mon maître ». […] Il s’est inspiré de Virgile et de Dante, mais, moins austère que ses maîtres, plus compatissant et plus attendri, il n’a pas craint de laisser au puéril fantôme sa coquetterie et sa légèreté. […] « Les Flamandes, dit Vielé-Griffin73, correspondent, chez leur auteur, à une période de santé violente où l’instinct flamand des Jordaens et des Rubens lui apparaît plus beau que toute idée ; il ne trouvait alors, en art, de vraiment grand que ces maîtres. » Il y a, en Verhaeren, une ardeur telle que tous les sentiments s’exaltent, chez lui, jusqu’à leur maximum de puissance.