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608. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Victor Hugo s’est mis à pointiller les choses les plus vastes : la mer, les espaces, le Léviathan, les montagnes, comme le pendu de son livre, dont il fait voir, par un enragement de description mêlé à une étourderie supérieure, jusqu’aux poils de barbe, du haut de sa potence et dans la plus épouvantable nuit. […] Quoique le sujet du livre en question protège, exalte et grandisse à plus d’une place, comme je l’ai dit déjà, le talent de Victor Hugo, le sujet n’en reste pas moins très au-dessus de son génie, et la preuve, c’est que Victor Hugo l’affaiblit, toujours et partout, quand il y mêle ses inventions. […] C’est la maternité, en effet, qui est le sujet du roman que Victor Hugo a inventé pour le mêler à cet autre et beau sujet d’histoire qu’il a si vaillamment abordé dans son Quatre-vingt-treize. […] Comme les autres personnages des œuvres d’Hugo, qui abusent toujours du monologue et qui parlent comme d’intarissables cataractes, la Fléchard n’est pas même dans sa vérité animale quand elle monologue, et pour ce qu’elle dit, on aimerait mieux qu’elle se tût… Courir après ses enfants, qu’elle retrouve au flair comme la chienne, ne serait pas non plus d’un intérêt bien varié s’il ne s’y mêlait les hasards du chemin, et tout cela serait assez vulgaire si l’homme qui fait ombre sur tout dans le roman, le royaliste, l’émigré, le marquis, Lantenac, ne rapportait pas à la mère ses enfants qu’il a sauvés de l’incendie.

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