Victor Hugo, qui a toujours le coup de vent lyrique dans les cheveux, même quand il écrit en prose, nous dit, dans deux mots napoléoniens de préface, que « ce sont là les réalités et les fantômes vagues, riants ou funèbres que peut contenir une conscience, revenus, rayon à rayon, soupir à soupir et mêlés dans la même nuée sombre. » Cette conscience, qui se divise en deux tomes, porte deux noms différents : « Autrefois », — « Aujourd’hui ». […] Sans quoi, sur la même hauteur, La créature, étant égale au Créateur, Cette perfection dans l’infini perdue, Se serait avec Dieu mêlée et confondue, Et la création, a force de clarté, En lui serait rentrée et n’aurait pas été. […] Le rêveur qui sur ces registres Met les vivants, Qui mêle ses strophes sinistres Aux quatre vents ! […] il serait absolument supérieur le jour où, au lieu d’achever cette Fin de Satan qu’il projette, — une pensée moderne bonne à laisser à un poète comme Soumet, qui a fait quelque part la Fin de l’Enfer, — il écrirait de préférence quelque violente épopée du xe siècle et ne craindrait pas de mêler les moines, dont c’était l’âge d’or, aux soldats.