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1217. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Puisque nous parlons des espions mêlés par M. de Balzac à l’histoire d’Esther, nous pouvons nous en plaindre, car ils y sont trop nombreux. […] Tel qu’il est cependant, ce moment de repos ne nous effraie pas, nous sommes loin de conclure avec quelques esprits moroses, que toute création sérieuse est devenue impossible et, ce qui nous persuade davantage, c’est le dédain profond mêlé partout à la curiosité pour les œuvres sans valeur que chaque matin fait éclore : on ne saurait méconnaître, suivant nous, que dans une époque où le public résiste tant bien que mal aux fausses amorces, il y a place pour une production vraie. […] Voilà seulement comme la nature a voulu que le désespoir se mêlât à la vie, et en décidant que cette stérilité de l’âme ne devait jamais se perpétuer longtemps, elle a créé une règle dont nous ne voyons pas que l’art puisse jamais avoir de bonnes raisons de s’écarter. […] Théophile Gautier ne s’est jamais trouvé mal à l’aise au plus fort de la mêlée romantique ; au contraire, il s’y est porté de préférence, estimant volontiers la rudesse à l’égal du courage ; il faut donc en quittant Namouna pour Fortunio s’attendre à descendre au moins d’un degré. […] Janin tient la plume du critique au Journal des Débats, il a mêlé le plus possible des sujets étrangers au cadre qui lui était tracé ; il n’a pas même craint de faire intervenir lui-même et sa famille dans ses articles.

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