Pour bien apprécier le prodigieux mérite d’invention de Molière, il faut savoir où en était vers le milieu du dix-septième siècle l’art de la comédie, ce que Corneille avait fait pour cet art, ce qu’il laissait à faire après lui. […] Si Doris me voulait, toute laide qu’elle est, Je l’estimerais plus qu’Aminte et qu’Hippolyte ; Son revenu chez moi tiendrait lieu de mérite : C’est comme il faut aimer41 . […] Sganarelle nous fait honte de la jalousie dans le ménage ; il nous rend moins chatouilleux aux apparences et nous rassure pleinement sur notre mérite. […] Toute conversation vaine, où l’on n’a d’autre objet que de plaire en parlant et de laisser à l’interlocuteur quelque impression de son mérite, est exclue de cette comédie. […] Il diffère de Tartufe en ce qu’il est dupe tout le premier de son travers, et qu’il a cette confiance du sot Qui fait qu’à son mérite incessamment il rit56 .