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714. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Il jugea, nous dit M. de Viel-Castel, « qu’il ne suffisait pas d’accabler des plus cruels outrages la mémoire des généraux Faucher avec qui on assure qu’il avait eu jadis des relations assez intimes, de les présenter comme des scélérats vieillis dans le crime, dont La Réole garderait longtemps l’effrayant souvenir ; il se laissa emporter contre MM.  […] La mémoire du peuple a retenu le nom de deux des condamnés, de Jean-Jacques Pau, et surtout d’Avinens, soit que leur attitude fut plus ferme, plus imposante que celle des autres, et qu’ils eussent une beauté virile qui frappait les assistants, soit à cause du cri final républicain que poussa l’un d’eux sur l’échafaud. […] Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.

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