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614. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» Puis, comme s’il se repentait de s’être trop effacé lui-même, comme s’il voulait prendre Jéhovah par sa gloire et le cointéresser à la délivrance de Saül par le souvenir reconnaissant que les vivants seuls gardent de ses bienfaits : « Car, s’écrie-t-il, la mort n’a point de mémoire, et dans la caverne (dans le sépulcre) qui est-ce qui chantera ton nom ?  […] Il se rassure par la mémoire de ce que son Dieu a fait jadis pour lui : « Tu m’as tiré du ventre de ma mère ; sur le sein de ma mère tu m’as bercé, endormi ! […] J’aime à me retracer encore aujourd’hui la mémoire des sites et des impressions que j’y recevais des lieux, des noms et des chants sacrés. […] Tout était silence et deuil autour de moi dans ce demi-jour, mais tout était aussi mémoire des temps écoulés. […] Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil.

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