Nos successeurs, plus heureux que nous, auront pour cette étude des lumières non pas plus impartiales, mais plus éclatantes que les nôtres : car M. de Talleyrand a écrit, dans les dernières années de sa vie, ses Mémoires ; mais, avec cette souveraine sagacité qui ne lui fit jamais défaut ni dans sa vie ni dans sa mort, il a, par son testament, ajourné la publication de ces Mémoires à trente ans après son décès. […] Mais déjà Mirabeau était dépassé ; on se hâta d’ensevelir sa mémoire sous l’amas des couronnes civiques et de l’oublier. […] Toutes ces transactions sont restées inexpliquées et louches : les Mémoires de M. de Talleyrand en donnent sans doute le vrai mot. […] Lisez, dans les Mémoires de madame de Staël alors à Berlin, la lugubre matinée où la cour de Prusse se souleva d’abord d’incrédulité, puis d’indignation contenue contre ce coup de foudre. […] Ceux-là étaient sortis, en simple habit noir, de leur retraite, non pour être remarqués, mais pour se rendre à eux-mêmes le témoignage de la fidélité de leur mémoire et de leur reconnaissance au-delà du tombeau.