/ 2379
344. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

À cet argument, qui a d’abord tous les inconvénients des preuves analogiques, je me contente d’opposer deux observations : 1° La plus grande partie des faits cités sont des faits de mémoire, d’imagination ou de sensation. […] Tantôt c’est une mémoire extraordinaire qui se développe tout à coup ; le fait le plus fréquent, c’est de parler et d’écrire dans les langues que l’on est censé tout à fait ignorer : fait qui s’est souvent reproduit dans les grandes épidémies convulsives. […] Mais en supposant que tous ces faits soient parfaitement exacts, je me contente de faire remarquer que, dans tous ces cas, c’est la moindre partie de l’Intelligence qui est excitée : les sens, la mémoire et l’imagination représentative. […] Un homme peut avoir une mémoire prodigieuse, et même une imagination très vive, et être destitué complètement d’intelligence. […] Je crois donc que si l’on peut conclure quelque chose de l’argument par analogie, c’est que l’excitation cérébrale, qui constitue la folie ou qui y conduit, peut bien produire accidentellement un réveil de la mémoire et de l’imagination mécanique, qui simulera l’inspiration spontanée, mais que cet état en lui-même exclut absolument ce qui constitue le génie, la faculté d’invention.

/ 2379