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416. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il a pour ses enfants une idolâtrie de mère, il adore sa femme, il devient presque fou quand il la perd, il ne trouve d’autre consolation que de pleurer avec la servante, et finit par épouser cette bonne et brave fille pour donner une mère à ses enfants : dernier trait qui achève de peindre ce vaillant cœur plébéien1075, prompt aux effusions, exempt de répugnances, et qui, hormis la délicatesse, eut tout le meilleur de l’homme. […] Vous persuadez à Tom Jones faussement, mais pour un instant, que mistress Williams, dont il a fait sa maîtresse, est sa mère, et vous laissez longtemps le lecteur enfoncé dans l’infamie de cette supposition. […] En effet, Sterne est un malade humoriste et excentrique, ecclésiastique et libertin, joueur de violon et philosophe, « qui geint sur un âne mort et délaisse sa mère vivante », égoïste de fait, sensible en paroles, et qui en toutes choses prend le contre-pied de lui-même et d’autrui. […] Trente ans durant, il avait travaillé en manœuvre pour les libraires qu’il rossait lorsqu’ils devenaient impertinents, toujours râpé, ayant une fois jeûné deux jours, content lorsqu’il pouvait dîner avec six pence de viande et un penny de pain, ayant écrit un roman en huit nuits pour payer l’enterrement de sa mère. […] Un fou embroche son enfant, l’emporte ; il danse en riant, et la mère le voit.

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