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415. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa mère, qui tenait à une noble maison d’Espagne et qui avait jeune habité ce pays, fut distinguée de la reine Anne d’Autriche, dans les premiers temps que cette princesse était en France ; sachant l’espagnol comme sa propre langue, elle fut d’abord employée par elle à ses correspondances de famille, et traitée comme une amie. […] À toutes ses plaintes, « on lui répondit, nous dit Mme de Motteville, que ma mère était demi-Espagnole, qu’elle avait beaucoup d’esprit, que déjà je parlais espagnol, et que je pouvais lui ressembler. » Mme Bertaut emmena donc sa fille, âgée de dix ans, en Normandie, où elle acheva de l’élever avec soin. […] Tous les anciens amis de la reine sont revenus après une disgrâce plus ou moins longue : chacun d’eux compte sur la même faveur qu’autrefois, et ils ne s’aperçoivent pas d’abord que cette reine, qu’ils avaient laissée opprimée par Richelieu, sans enfants et encore Espagnole de cœur, est devenue mère, toute aux intérêts du jeune roi, et une reine toute française. […] Elle était à cet âge de quarante ans, « si affreux pour notre sexe », dit Mme de Motteville ; mais elle en triomphait par sa représentation de souveraine et de mère.

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