Nos vers ne sont point des vers : ils n’ont point de rithme, point de longues & de brèves. […] Les Grecs & les Romains sont les deux peuples de la terre qui ont le mieux entendu cette partie, qui ont le plus montré de délicatesse d’oreilles, en mesurant les syllabes brèves & longues, & les combinant ensemble pour le rithme & le métre. […] A l’égard de la monotonie & de l’ennui, causé par la rime dans les longs poëmes, on veut que le reproche soit fondé. Le président Bouhier soutient que cet ennui ne se fait pas plus sentir dans les ouvrages de longue haleine que dans les petites pièces. […] Mais il y auroit moyen de diminuer un peu de ce dégoût qu’excite la lecture des longs poëmes ; ce seroit de substituer aux vers alexandrins les vers décassyllabes, à cause de la variété de leurs hémistiches, produite par la liberté des enjambemens ; ce seroit d’en user au moins comme les Italiens, qui, dans leurs grands vers, ont trois sortes de repos au choix du poëte.