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718. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Dans cet état de choses, qui est conforme aux œuvres humaines, comment les tribunaux littéraires échapperaient-ils à la loi commune ? […] On irait presque jusqu’à juger désirable la suppression des prix littéraires, si l’on ne savait qu’elle est impossible, car on n’imagine pas le Parlement votant une loi pour les interdire comme contraires à la moralité et à la salubrité publiques. […] Fagus La Société a le devoir absolu de subventionner l’écrivain, parce qu’il n’est pas de société, fût-elle de Canaques, qui ait pu jamais se passer de poètes ou de conteurs, et que l’écrivain représente donc une utilité publique ; qu’il ne ressortit donc pas aux lois commerciales régissant les autres travailleurs, d’autant plus que d’autre part son travail n’est pas mesurable selon cette commune mesure. […] Les hommes peuvent être valeureux : la fonction les médiocrise momentanément, c’est la loi des assemblées. […] Le plus malin l’emporte sur le plus digne, c’est la dure loi de la dure vie.

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