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621. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

L’Esprit des Lois de Montesquieu est aussi « l’esprit sur les lois. » Les périodes de Rousseau, qui enfanteront une révolution, ont été, dix-huit heures durant, tournées, polies, balancées dans sa tête. […] Le monde corporel et ses lois ne leur semblent qu’un fantôme et une figure ; ils ne voient plus rien de réel que la justice, elle est le tout de l’homme comme de la nature. […] Ceux qui sont unis en un seul corps, qui ont une loi commune établie et une judicature à laquelle ils puissent en appeler, et en outre une autorité pour punir les délinquants, sont en société civile les uns avec les autres846. » Des arbitres, des règles d’arbitrage, voilà tout ce que leur fédération peut leur imposer. […] Quand les communes intentent un procès à Sacheverell, c’est pour soutenir publiquement847 que « la constitution d’Angleterre est fondée sur un contrat, et que les sujets de ce royaume ont, dans leurs diverses capacités publiques et privées, un titre aussi légal à la possession des droits qui leur sont reconnus par la loi que le prince à la possession de la couronne. » Quand lord Chatam défend l’élection de Wilkes, c’est en établissant que « les droits des moindres sujets comme ceux des plus grands reposent sur la même base, l’inviolabilité de la loi commune, et que, si le peuple perd ses droits, ceux de la pairie deviendront bientôt insignifiants848. » Ce n’est point une supposition, ni une philosophie qui les fonde, c’est un acte et un fait, j’entends la grande Charte, la Pétition des droits, l’acte de l’habeas corpus, et tout le corps des lois votées en parlement. […] Chacun sent que « sa maison est son château », et que la loi veille à sa porte.

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