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3230. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Les livres se multiplièrent, & déjà leur nombre étoit assez considérable au seizième siècle, pour faire naître l’idée de former, du nom seul des Auteurs & du titre de leurs Ecrits, un ouvrage non moins utile qu’intéressant. […] Peu sensibles aux charmes des Lettres, ces nouveaux Maîtres, après avoir exterminé les hommes de leur temps, mutilèrent encore les générations à venir, en brûlant les livres & détruisant les monumens qui auroient pu faire revivre le goût & le génie. […] Mais dire qu’elle se soit épuisée, c’est l’outrager ; c’est autoriser la paresse, qui, bercée de la fausse idée qu’il n’est plus rien de neuf à inventer, ferme les livres, laisse-là l’étude & s’endort ; c’est étouffer le génie naissant, l’empêcher d’éclore, & le détourner de tenter des efforts heureux ; c’est rendre enfin à l’ignorance tout son empire, & au bel-esprit la gloire de se soutenir par ses frivoles & inutiles productions.

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