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680. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Mais l’influence dure encore, et, pour la retrouver partout, il ne faut que jeter un coup d’œil sur la littérature contemporaine. […] Si nous ne pouvons pas effacer son œuvre de l’histoire de la littérature, ne la glorifions pas en lui dressant des statues ! […] Les influences passent, mais les œuvres demeurent, et ceux-là, dans l’histoire de la littérature et de l’art sont les vrais maîtres, dont les œuvres survivent à l’influence. […] S’est-on jamais avisé d’opposer « les littératures », comme vaines, à la « littérature », comme éternellement subsistante, ou « les arts », comme illusoires, à « l’art », comme éternellement vrai ? […] Mais surtout, si nulle part une race ne retrouve d’image ou d’expression plus fidèle d’elle-même que dans sa littérature ; si c’est plus d’une fois autour de sa littérature qu’elle s’est groupée pour arriver à prendre en elle conscience de sa propre unité ; si cette littérature en demeure le lien ou le principe ; si c’est dans cette littérature enfin que les générations nouvelles puisent, avec le sentiment de la solidarité nationale celui de la perpétuité de la race, comment pourrait-on mieux établir, sur quel fondement plus solide, le rôle historique d’une grande littérature, sa fonction vraiment sociale, son titre de gloire et d’honneur ?

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