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983. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je les lis de sa main, écrites à une date qui, à quelques mois près, ne peut guère être que 1798. […] La mort de sa mère, la lettre de sa sœur en furent l’occasion déterminante : il est à croire que les reproches et les plaintes de sa mère mourante portaient moins encore sur des écrits de son fils qu’elle avait peu lus et dont l’écho avait dû parvenir difficilement jusqu’à elle, que sur quelques autres égarements, peut-être sur quelque passion fatale qu’il n’est permis que d’entrevoir. […] La lettre à M. de Fontanes qu’on vient de lire, écrite dans le feu de la composition du Génie du christianisme, est évidemment celle d’un homme qui croit d’une certaine manière, qui prie, qui pleure, — d’un homme qui s’est mis à genoux auparavant et après, pour parler le langage de Pascal22. Dans un cours que je faisais à Liège il y a six ans et dont M. de Chateaubriand et ses amis formaient le sujet principal, je disais quelques-unes de ces choses ; sur ce point en particulier qui tient à la production du Génie du christianisme, je concluais en des termes qui ont encore leur application et que je ne pourrais qu’affaiblir en essayant de les varier : Je ne crois pas me tromper, disais-je à mes auditeurs, en assurant que nous avons eu une satisfaction véritable à lire cette lettre de Chateaubriand à Fontanes, qui nous l’a montré sous l’empire d’une haute exaltation sensible et religieuse, au moment où il concevait le Génie du christianisme.

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