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499. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Le premier avouait au second, qu’il ne pouvait sentir l’harmonie de la poésie italienne, quoi qu’il en eût lu beaucoup, et qu’il crût savoir assez bien la langue. […] Nicole, pour bien traduire les Provinciales en latin, avait lu et relu Térence, et se l’était rendu si familier que sa traduction paraît être Térence même : à cela je n’ai qu’une question à faire. […] Et serait-ce louer un auteur de lettres écrites en français, de dire qu’en le lisant on croit lire Molière ? […] Il faut avouer qu’à cet égard elle est bien commode pour un auteur qui ne sait ni penser ni sentir ; et lui, et ceux qui le lisent, sont beaucoup plus occupés des mots que des choses ; et il est bien doux en composant de n’avoir rien à produire, et de savoir que ses juges n’y seront pas difficiles. Aussi telle harangue qu’on ne pourrait pas lire, si elle était traduite en français, parce qu’elle ne contient que des idées triviales, est admirée d’un petit cercle de pédants, parce que le style leur en paraît cicéronien.

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