Avec ce style, on ne peut traduire ni la Bible, ni Homère, ni Dante, ni Shakespeare367 ; lisez le monologue d’Hamlet dans Voltaire, et voyez ce qu’il en reste, une déclamation abstraite, à peu près ce qui reste d’Othello dans son Orosmane. […] Il semble, à les lire, que les climats, les institutions, la civilisation, qui transforment l’esprit humain du tout au tout, soient pour lui de simples dehors, des enveloppes accidentelles qui, bien loin de pénétrer jusqu’à son fond, touchent à peine sa superficie. […] Si maintenant je lis la file correspondante des romanciers français, Crébillon fils, Rousseau, Marmontel, Laclos, Rétif de la Bretonne, Louvet, Mme de Staël, Mme de Genlis et le reste, y compris Mercier et jusqu’à Mme Cottin, je n’ai presque point de notes à prendre ; les petits faits positifs et instructifs sont omis ; je vois des politesses, des gentillesses, des galanteries, des polissonneries, des dissertations de société, et puis c’est tout. […] — Quant aux transpositions, il suffit de lire une page de Rabelais, Amyot ou Montaigne, pour voir combien alors elles étaient nombreuses et variées. […] Balzac passait des journées à lire l’Almanach des cent mille adresses et courait en fiacre pendant des après-midi, regardant toutes les enseignes, afin de trouver le nom propre de son personnage.