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47. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Paul Verlaine Génie, le mot ne semblera pas trop fort à ceux assez nombreux qui ont lu ses pages impressionnantes à tant de titres, et ces lecteurs, je les traite d’assez nombreux en vertu de la clarté, même un peu nette, un peu brutale, et du bon sens parfois aigu, paradoxalement dur, toujours à l’action, qui caractérise sa manière si originale d’ailleurs. […] Lisez, par exemple, ces étranges Nouvelles correspondances interastrales, et surtout la Science de l’Amour, cruelle satire où toute mesure semble gardée dans la plaisanterie énorme. Lisez parmi ses monologues (c’est lui, entre parenthèses, qui a créé, ou je me trompe fort, ce genre charmant, le monologue, qu’on a sans doute bien galvaudé postérieurement à lui et dont Coquelin Cadet fut l’impayable propagateur), lisez, dis-je, entre de nombreux chefs-d’œuvre en l’espèce, le Bilboquet, flegme tout britannique, verve bien gauloise, exquis mélange d’humour féroce et de bon gros rire fin let sûr. Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde.

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