/ 1857
693. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

C’est un langage mystérieux, langage de la lumière, de la ligne et du son, langage inaccessible à la multitude des vivants qui sont aveugles et sourds. […] Peut-être peut-on supposer un peu plus longue l’opération de mémoire essentielle à la parfaite compréhension de l’œuvre pour un esprit toujours gouverné par la pensée générale et curieux aussi des lignes arabesques dont elle s’agrémente ou à dessein se travestit. […] La croix demeure un signe vénérable, et même le sens du respect s’est réveillé en apercevant de plus près le mélancolique symbole qui joint les deux lignes doucement ascendantes de la lyre à l’attitude expansive de l’homme aux bras ouverts. […] Ce que l’art fut sous la forme asservie du rite pour les religions, il le sera pour la science — j’entends la vraie science, celle dont les regards s’adressent hors des apparences — sous la forme plus pure de l’art libre, à la seule condition que la science, cette ligne évoluant autour de l’axe idéal du monde, respecte dans l’art le double pôle stable, invariable et constant des désirs et des satisfactions de l’humanité dans sa sensibilité spirituelle et physique.

/ 1857