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395. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Dès les premières lignes de ses contes et de ses poèmes, par l’emploi d’un style particulier et variable, d’une certaine catégorie de mots et d’une syntaxe précise, par le ton spécifique du début, Poe s’empare de l’attention, dispose à le suivre en une certaine humeur, contraint — de même qu’un sourire fait sourire, et qu’un clignement d’yeux porte à prendre l’air rusé, — à ressentir l’état d’esprit, la comicité nerveuse et le douloureux accablement dont l’œuvre sera saturée. […] Ce système de composition directe où les incidents se juxtaposent eu une ligne droite menant de la première phrase à la dernière, constant et ostensible dans les plans de Poe, se déguise souvent à l’application sous une intrigue habilement sinueuse. Le conteur sait entraîner sur une fausse piste parallèle à la vraie et ne la quitter d’un bond qu’à quelques lignes de la fin. […] Si son originalité n’avait été contrainte de s’exercer sur une ligne logique et productive, elle eût dégénéré en incohérence, en bizarreries de manières et d’habitudes.

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