une vilaine soirée, cette soirée dans l’émotion de l’incendie, et cependant j’ai fait tout de même dans cette soirée, les trente lignes sur les pointes-sèches d’Helleu, qu’il m’a demandées pour une exposition à Londres, et qu’il doit venir chercher dimanche. […] « Mon cher Helleu, « Vous me faites l’honneur de me demander de présenter en quelques lignes au public, votre œuvre. […] Le dîner est au dessert, Frantz Jourdain se lève, et lit des dépêches de la Belgique, de la Hollande, des dépêches des goncourtistes Cameroni et Vittorio Pica d’Italie, des dépêches d’Allemagne, parmi lesquelles se trouvent ces deux lignes de Georges Brandès : « Tous les écrivains scandinaves seront avec moi, aujourd’hui, quand je crie : Gloire au maître initiateur ! […] « Vous n’avez eu de plus chère ambition que de savoir et de voir ; vous n’avez connu de plus exquises jouissances que celles des idées, des lignes et des couleurs ; et les sensations que vous avez aimées, vous les avez voulu rendre avec l’effort de signes nouveaux, et le frémissement de notations personnelles. […] » On monte en haut, prendre le café et les liqueurs, et ce sont des embrassades, des rappels à mon souvenir, de gens dont j’ai oublié le nom et la figure, des présentations d’Italiens, de Russes, de Japonais, des remerciements de Gungl, le fils de Lagier, pour les quelques lignes de mon Journal sur sa mère, des lamentations de Rodin, se plaignant de sa fatigue et de son besoin de repos, la demande par Albert Carré d’un rendez-vous, pour causer de Manette Salomon, enfin l’accolade de ce grand toqué de Darzens, qui m’a dédié un volume, dont il ne m’a jamais donné un exemplaire.