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1827. (1887) Essais sur l’école romantique

Qui donnera la clef de cette mystérieuse race d’hommes qu’on appelle poetæ minores et minimi , parias de la grande famille, qui s’échelonnent à l’amiable sous les noms des hommes de génie ; fabulistes sous La Fontaine ; poètes épiques sous Homère ; dramatiques sous Racine ou Shakespeare ; sous Voltaire et l’Arioste, héroï-comiques ; et qui croient descendre en ligne directe de leurs modèles ? […] De tous les désagréments que j’attendais, le plus vif pour moi a été de lire, dans la dernière livraison de décembre, la réponse ferme et courtoise que vous avez été obligé d’y faire ; mais j’avoue aussi que, de toutes les satisfactions qui m’ont pu revenir, tant de ma propre conscience, à laquelle il faut bien que je croie, que de l’assentiment de quelques esprits élevés, la plus douce a été de lire, dans cette même livraison, les cinq ou six lignes où vous vous déclarez solidaire, au moins, de ma franchise et de ma loyauté. […] Toutes les facultés marchent, pour ainsi dire, en ligne : l’imagination, la raison, le goût, le sens critique ; toutes se contrôlent, s’observent, s’aident, se fortifient, et c’est du concours de leurs efforts simultanés que sortent ces chefs-d’œuvre, marqués, à un si haut degré, de deux choses qui semblent s’exclure, l’instinct le plus heureux et l’art le plus parfait. […] L’homme tout entier est dans chaque ligne ; il se rendra ce témoignage, en finissant, que, sauf l’infirmité humaine, il n’a point de sa propre volonté manqué à sa noble tâche.

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