« Il choisit le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux » : où donc les embellissements étaient-ils plus nécessaires ? « Sans bois » : il en fit planter, qui font de Versailles un des plus beaux lieux du monde. « Sans eau » : il en fit venir par-dessus les montagnes, en suscitant les inventions de la science. « Sans terre » : il répandit la terre et la végétation sur ce sable mouvant et sur ces marécages. […] Que dirai-je des jardins, dont le dessin est si grand, qu’en même temps que les sens y sont flattés par toutes les commodités de la promenade, la majesté du lieu y tient sans cesse l’esprit occupé de l’idée du beau, dont l’étendue est si vaste, qu’à côté de ces immenses allées, où il peut y avoir foule sans entassement, il est, pour ceux qui n’aiment pas la foule, des solitudes secrètes et salubres ? Ce lieu sans air est inondé d’air ; les yeux ne rencontrent que des bois et des eaux dans ce lieu sans eau et sans bois ; le soleil se couche chaque soir au bout de la nappe d’eau lointaine qui termine ce lieu sans vue. […] Le roi, soit par une disposition religieuse de plus en plus forte, soit désir de connaître personnellement de toutes les matières où il y avait lieu de décider, avait pris goût aux ouvrages de théologie.