/ 2143
174. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ces hommes alors aiment la guerre pour la guerre, et ils la cherchent en un lieu quand ils ne la trouvent pas dans un autre. […] Schiller, n’ayant pas cette ressource, y supplée par l’arrivée d’une noce champêtre qui passe, au son des instruments, près des lieux où Tell est caché. […] Je pense donc que c’est sagement et avec raison que nous avons refusé à nos écrivains dramatiques la liberté que les Allemands et les Anglais accordent aux leurs, celle de produire des effets variés par la musique, les rencontres fortuites, la multiplicité des acteurs, le changement des lieux, et même les spectres, les prodiges et les échafauds. […] L’unité de temps et de lieu, que j’ai voulu observer, quoique Schiller s’en fût écarté, suivant l’usage de son pays, m’a forcé à tout-bouleverser et à tout refondre. […] Les changements de lieu, quelque adroitement qu’ils soient effectués, forcent le spectateur à se rendre compte de la transposition de la scène, et détournent ainsi une partie de son attention de l’intérêt principal : après chaque décoration nouvelle, il est obligé de se remettre dans l’illusion dont on l’a fait sortir.

/ 2143