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498. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

C’est la gloire de notre époque d’avoir pu amener tant de millions de gens à se sacrifier complètement à une idée et, pour elle, à se soumettre à l’esclavage le plus rude et le plus exclusif qui soit ; mais la vraie liberté consiste à se soumettre et à se résigner à ce que l’on a jugé inévitable, et à consentir à n’être qu’une pièce du mécanisme dont on aurait pu être l’ingénieur… (Lettre communiquée.)‌ […] Les Français sans foi de l’an xiv et de l’an xv ont démontré qu’ils aimaient du même amour la France, la justice et la liberté de l’esprit ; ils deviennent chers à tous les Français fiers de leur foi, comme eux sont fiers de leur pensée. […] » Les syndicalistes de l’École, acquis à tout ce que renferme de large humanité le socialisme français, fraternisaient avec les plus fougueux d’entre les socialistes, les moins disciplinés, mais ceux dont le parti dirigeant se méfiait le plus parce que la logique de leurs doctrines les entraînait à vouloir étendre aux partis de droite les libertés qu’ils réclamaient pour eux. […] Ce qui manquait à ces esprits intuitifs et bien intentionnés, c’est cette discipline intellectuelle que donne une culture plus forte et mieux équilibrée que leur éducation incomplète de primaires ; c’est encore cette discipline morale de la foi religieuse qu’ils n’avaient pas et que même ils combattaient comme attentatoire à l’idée fausse qu’ils se faisaient de la liberté humaine.

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