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257. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

La guerre de trente ans eut pour mobile, dans les peuples, le besoin d’acquérir la liberté religieuse ; dans les princes, le désir de conserver leur indépendance politique. […] Le traité de Westphalie donna à l’empire germanique une constitution très-compliquée ; mais cette constitution, en divisant ce corps immense en une foule de petites souverainetés particulières, valut à la nation allemande, à quelques exceptions près, un siècle et demi de liberté civile et d’administration douce et modérée. […] Ils se racontent leurs exploits ; ils parlent de leur chef, de la liberté qu’il leur accorde, des récompenses qu’il leur prodigue. […] Dans la guerre de trente ans, au contraire, ces désordres étaient l’état permanent ; et la jouissance d’une liberté grossière et licencieuse, le dédommagement des dangers et des fatigues. […] Je pense donc que c’est sagement et avec raison que nous avons refusé à nos écrivains dramatiques la liberté que les Allemands et les Anglais accordent aux leurs, celle de produire des effets variés par la musique, les rencontres fortuites, la multiplicité des acteurs, le changement des lieux, et même les spectres, les prodiges et les échafauds.

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