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300. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Cette page unique et exhilarante, qui embarrassera peut-être les professeurs d’Athénée de l’avenir, si dans les athénées ou les cours publics les bons vivants ne remplacent pas les gens graves, s’appellera « les Dîners littéraires du xixe  siècle » ; et elle formera, dans l’histoire des lettres de ce temps, la contrepartie de la page célèbre des banquets dans l’histoire politique, moins pourtant une révolution. […] — sous prétexte que l’esprit français ne bougeait plus et qu’il fallait le ranimer par des expériences culinaires, faites sur le vif des gens de lettres de tous les étages. […] avec une énergie qui n’est pas de rigueur au vaudeville, la plus grande partie de la littérature est venue à ce dîner de Lucullus chez Lucullus, puisque chacun payait son écot, et, lorsqu’elle n’est pas venue, elle a écrit, pour s’excuser, des lettres qu’on publiait, — ce qui était une manière d’y venir encore, — des lettres presque aussi travaillées, aussi brossées, aussi époussetées que les mots qu’elle y apportait… dans ses agendas ! […] Nous avons bien lu quelque part qu’autrefois on avait soupé ou dîné à Auteuil, entre gens de lettres et de génie, et qu’au dessert chacun disait des vers, qui se sont trouvés des chefs-d’œuvre retentissants et immortels ! […] Une telle nouveauté dans les lettres décorera et caractérisera la littérature du xixe  siècle.

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