/ 2011
681. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il n’est point de personnage qu’il ne fasse vivre, ni de lecteur qu’il ne fasse penser. […] Il violenta le français à faire frémir ses contemporains, s’ils l’eussent lu ; et aujourd’hui encore il effarouche la moitié des lecteurs. […] Le duc de Béthune bavardait des misères, et le duc d’Estrées grommelait en grimaçant sans qu’il en sortît rien. » Ailleurs, les mots entassés et l’harmonie imitative impriment dans le lecteur la sensation du personnage. […] De là ces phrases décousues, ces entrelacements, ces idées fichées en travers et faisant saillie, ce style épineux tout hérissé d’additions inattendues, sorte de fourré inculte où les sèches idées abstraites et les riches métaphores florissantes s’entrecroisent, s’entassent, s’étouffent, et étouffent le lecteur.

/ 2011