/ 2011
574. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

On ne trouvera pas, et j’espère que le lecteur ne cherchera pas autre chose dans les pages qui suivent. […] Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine ! […] » Ceux qui m’ont répondu par une longue énumération des progrès de la science ne m’ont donc rien appris que je n’eusse moi-même eu soin de dire ; ils n’ont donc fait qu’essayer de donner le change à leurs lecteurs ; et s’ils ne l’ont pas pris eux-mêmes, je demande quelle est cette manière de discuter ? […] Mais qu’est-ce encore que diriger sa vie « d’après les seules notions du merveilleux » et pour quels lecteurs notre savant croyait-il écrire ? […] Nous ne nous soucions pas davantage de savoir, — et le lecteur impartial en a maintenant la preuve sous les yeux, — à qui les choses que nous avons dites peuvent plaire ou déplaire, mais uniquement de les dire comme nous les pensons ou comme nous les voyons, ce qui est sans doute la première condition de la recherche « scientifique. » J’ose ajouter que si quelqu’un n’a jamais prêché « le laissez faire du combat pour la vie », c’est nous ; et le docteur Clémenceau le saurait, si depuis vingt ans la préoccupation des choses de la politique ne l’avait rendu comme étranger au mouvement des idées de son temps.

/ 2011