… Notez que cette poésie, si sincère, si drue, et parfois d’une beauté si accomplie, est de veine purement française, que les ressouvenirs de l’antiquité y ont un caractère franchement populaire et viennent seulement s’ajouter à ceux des traditions nationales (comme dans la Ballade des dames du temps jadis), et qu’il n’y a là nulle trace d’influence latine ou grecque. […] Il ne semble pas que les petits Japonais qu’on rencontre au quartier Latin ou dans les fêtes officielles soient, à première vue, très différents de nous. […] Mme Judith Gautier, une sincère artiste qui porte dignement un grand nom et pour qui « le monde sensible existe » presque autant qu’il exista pour son illustre père, a gardé du théâtre japonais, dans sa Marchande de sourires 2 la simplicité, la violence, la férocité des sentiments et des passions, le romanesque naïf des aventures et la poésie pittoresque des détails ; elle y a ajouté, étant de bonne race latine, de la clarté, de la noblesse, et aussi le sentiment de la mesure et l’art de la composition.