Avant-Propos Ce troisième volume est le dernier de la série que j’ai intitulée Politiques et Moralistes du dix-neuvième siècle. Dans un premier volume j’ai étudié les penseurs qui avaient vu la Révolution française et qui avaient conçu pour l’avoir connue, soit une profonde aversion pour les nouveautés, soit une vive et tenace espérance, soit un besoin de consolider et d’organiser les conquêtes. C’étaient les de Maistre, les de Bonald, les Staël, les Constant, les Royer-Collard, les Guizot. Dans un second volume j’ai groupé tous les philosophes politiques qui ont cru à la nécessité et à la possibilité d’organiser un « pouvoir spirituel » nouveau, pour guider les consciences et éclairer les volontés, soit que ce nouveau pouvoir spirituel ne fût que l’ancien, rafraîchi en quelque sorte et rajeuni et rendu capable de porter le monde moderne, soit qu’il fût un pouvoir spirituel vraiment nouveau et constituant dans l’esprit des fondateurs, non une renaissance religieuse, mais une création de religion. Et ce second volume, par la nature même du sujet, est celui des trois qui a le plus d’unité, tous les penseurs qui y figurent ayant du moins ceci de commun qu’ils concentrent leurs pensées et leurs vœux sur l’idée d’un pouvoir spirituel à restaurer ou à créer, mais considéré par tous comme nécessaire.