S’il avait parlé en ces termes de l’Internelle Consolation dans sa langue artiste et populaire, le mot aurait peut-être été vrai, mais appliqué au texte latin de l’original, un tel mot n’est plus que poétique. […] Cette vignette de l’Âme et de Jésus-Christ qui ressemble à la patiente enluminure des marges d’un missel n’égale pas, sous son latin de cloître, harmonieux et limpide, les figures idéales, mais si profondément touchantes dans leur sainteté émaciée et splendide, de frère Ange Fiesole (un moine aussi), le plus profond interprète du Moyen Âge, ni même les lignes expressives et nettes d’Overbeck, aussi loin pourtant que l’homme l’est de l’ange, du monastique Angelico. […] Il ne descend pas dans cette vase saignante ; et c’est, en somme, un innocent enfantelet de livre, même dans sa conception du péché, Telles sont les qualités et les défauts de l’Imitation, que nous retrouvons aujourd’hui, avec des qualités qui s’ajoutent aux siennes dans cette langue aimable de l’Internelle Consolacion, bien préférable, selon nous, au latin décharné et abstrait de l’original. […] Les germanismes du texte latin le prouvent suffisamment pour l’Imitation, et pour l’Internelle Consolacion, le génie de Gerson lui-même, qui n’eut jamais le moelleux et le laisser-aller du livre délicieux, remis en lumière aujourd’hui.