Douée d’une langue énergique, mais rude ; abondante, mais peu favorable à la précision et à la clarté ; d’une langue qui, aujourd’hui même, n’est pas encore fixée, elle n’avait pas de littérature propre, quand chacune des autres nations de l’Europe pouvait s’enorgueillir de la sienne. […] La prose elle-même, cette langue du besoin et de la vérité, n’en est pas longtemps exempte. […] Son esprit, aussi judicieux que vif, ne peut être longtemps dupe de ce qui n’est pas fondé sur la raison et avoué par le goût ; et l’heureux génie de sa langue, qui a mérité qu’on dît, Ce qui n’est pas clair n’est pas français, ne tarde jamais à repousser l’obscurité ambitieuse, l’impropriété affectée et l’orgueilleuse incorrection. […] Quoi que vous écriviez, enfin, respectez cette langue qui a suffi à l’expression de toutes les pensées et de tous les sentiments, et qu’on ne viole jamais que par l’impuissance de la bien employer.