De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes J’ai eu déjà plusieurs fois occasion de parler d’une des causes les plus actives du mauvais style, l’ignorance de la langue. […] « Quiconque veut se faire un style durable, disait très bien Joubert, ne doit en user qu’avec une extrême sobriété. » C’est dans la langue commune, héréditaire, vraiment nationale, langue de nos pères qui sera la langue de nos fils, dans cette partie immuable du vocabulaire que Pascal a transmise à Racine et que Voltaire a livrée à Chateaubriand, qu’il faut chercher les expressions qui rendent nos idées. […] Mais il faudrait la connaître, cette langue permanente et nationale, pour s’en servir, et ce n’est que par ignorance, non par théorie, qu’on préfère souvent l’argot des salons, des boulevards et des journaux, à la langue de La Bruyère et de Mme de Sévigné. Une classe de néologismes qu’on doit proscrire, ce sont les termes qu’on forge pour remplacer les locutions composées dont la langue autrefois se contentait. […] La conclusion de tout ce que je viens de dire est que l’étude de la langue, du vocabulaire est une partie essentielle de l’art d’écrire.