La langue Françoise, timide, grossière, embarrassée, n’osoit encore s’élever jusqu’aux Arts & aux Sciences ; elle étoit même obligée d’emprunter pour l’histoire, pour les Actes & les Traités publics, le langage de l’ancienne Rome. […] Le Poëte alors choisit un langage moins vulgaire pour s’exprimer, & ce langage imparfait & grossier s’épure & s’adoucit insensiblement, sur-tout quand c’est un homme de génie qui l’emploie. […] Aujourd’hui la lecture de ces sortes de pièces n’est pas supportable, non pas tant à cause de la rudesse de l’ancien langage ; mais parce qu’on n’y trouve ni sel, ni génie, ni beautés, & que le mauvais goût & la grossiéreté des images, sont, de tous les défauts, ceux qui rebutent le plus. […] Cette aurore du bon goût, qui brilla d’abord sur les heureuses contrées de l’Italie, où régnoient les Médicis, répandit bientôt sa lumière sur toute l’Europe ; &, pour parler le langage du Président Hénault, ce fut deux fois le sort de la Grèce d’instruire & d’embellir l’Occident. […] Ils formèrent alors un Grec mêlé d’Hébraïsmes, qu’on appelle le langage Hellenistique :la version des Septante est en ce langage.