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305. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le langage du temps les divisait en deux genres : le galant et le soutenu. […] Cette complaisance détruit toute la force du langage, les mots n’étant plus les signes de nos jugements, mais d’une civilité tout extérieure qu’on rend à ceux qu’on veut louer, comme pourrait être une révérence. » La peur de la critique était égale au désir d’être loué. […] Les prescriptions de Boileau ne se bornent ni aux pensées qui peuvent s’exprimer en vers, ni au seul langage de la poésie ; elles s’étendent à toutes les pensées et à toutes les manières de les exprimer, et, par analogie, à tous les arts dont l’idéal est le vrai. […] C’est marque de génie d’avoir compris que, dans une forme de langage qu’on a appelée la langue des dieux, il faut n’exprimer que ce qu’il y a de plus universel et de moins sujet à dispute parmi les pensées des hommes. […] Il faut qu’on sente, à un certain air de sérieux et de grandeur, que l’homme qui les a conçues a en besoin de quelque langage plus grand que l’humain.

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