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25. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — La faculté du langage a pour fondement les tendances consécutives qui survivent à l’expérience d’individus semblables et qui correspondent à ce qu’il y a de commun entre ces individus. — Exemples de ces tendances chez les enfants. — Sens particuliers qu’ils donnent aux noms que nous leur enseignons. — Originalité et variété de leur invention. — Leurs tendances à nommer finissent par coïncider avec les nôtres. — Acquisition du langage. — Différence de l’intelligence humaine et de l’intelligence animale. […] Nous n’apercevons pas les qualités ou caractères généraux des choses ; nous éprouvons seulement en leur présence telle ou telle tendance distincte qui, dans le langage spontané, aboutit à telle mimique et, dans notre langage artificiel, à tel nom. […] Ce n’est pas cette tendance que vous vouliez éveiller ; elle s’est éveillée toute seule ; voilà la faculté du langage ; elle est fondée tout entière sur ces tendances consécutives qui survivent à l’expérience d’individus semblables et qui correspondent précisément à ce qu’il y a de commun en eux. […] À cet égard, le langage des enfants est aussi instructif pour le psychologue que les états embryonnaires du corps organisé pour le naturaliste. […] Telle est l’histoire du langage : spontanément, après avoir expérimenté des objets semblables, nous éprouvons une tendance qui correspond à ce qu’il y a de commun dans ces objets, c’est-à-dire à quelque caractère général, à quelque qualité abstraite, à un extrait de ces objets, et cette tendance aboutit à tel geste, à telle mimique, à tel signe distinct qui aujourd’hui est un nom.

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