Transposez : ceci est le langage protecteur et insolent d’un roi parlant à un petit gentilhomme ou d’un petit gentilhomme parlant à un bourgeois ou à un paysan. C’est le langage que Molière aurait pu prêter à Clitandre s’adressant à George Dandin : « Comment donc, Monsieur Dandin, si vous saviez à qui vous parlez, ou si vous y appliquiez votre attention, vous vous sentiriez trop honoré d’un partage avec M. de la Haute-Butte. […] Je vis de bonne soupe et non de beau langage. […] Il doit tendre non à être utile, mais à être agréable, à être flatteur, à produire un effet favorable dans l’esprit de l’auditeur ; bref, il doit être un langage de courtisane dans les limites d’une stricte véridicité, et voilà la mesure juste : « On ne doit donc pas contenir le babil des filles comme celui des garçons, par cette interrogation dure : A quoi cela est-il bon ? […] Consultez leurs yeux, leur teint, leur respiration, leur air craintif, leur molle résistance : voilà le langage que la nature leur donne pour vous répondre… » Tout cela, c’est le portrait de Célimène, corrigé, embelli, affiné ; mais, enfin, c’est le portrait de Célimène.