Entre trois poètes si excellents, s’il faut en laisser, je reste avec Raissac. […] Je laisse aux érudits le soin d’avoir lu tous les Poètes, et de juger, si un érudit, qui ne saurait être un poète, a droit de décider en cette affaire. […] Laissez-moi vous dire que je plaindrais de tout cœur ceux qui n’en auraient qu’un. […] De cette façon il résumerait à peu près son siècle s’il n’avait laissé de côté (impuissance ou dédain) l’émotion de Lamartine, l’ironie de Musset, la fierté hautaine de Vigny, la joie païenne de Banville, la sensualité mystique de Baudelaire. […] J’ignore si Mallarmé a ou n’a pas imprimé dans son œuvre la marque d’un siècle dont il se soucia peu, — mais je le désigne comme ayant laissé une œuvre hautaine, harmonieuse, gonflée de pures pensées — digne de gloire et d’immortalité.