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1010. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Tout ce que je puis vous dire aujourd’hui, c’est donc l’impression que me laisse, aujourd’hui même, la lecture de Toute la Lyre, non celle que j’ai reçue, voilà quinze ans, de la Légende des siècles. […] Laissez-moi donc vous parler librement et respectueusement du dernier livre lyrique de Victor Hugo. […] Albert Sorel a fait des suites de vers considérables qui pourraient, à la rigueur, être de Victor Hugo, et où seule, quelque bizarrerie trop forte, ou mieux, quelque faiblesse de rime et quelque essoufflement laissent deviner le jeu sacrilège, Et, d’autre part, je me souviens d’avoir perdu des sommes en pariant, après un peu d’hésitation, que des vers de la légende, qu’on m’avait cités, étaient de M.  […] Et ainsi je reviens par un détour à la phrase que j’avais eu le chagrin ne laisser inachevée : « Oui, tout ce que j’ai dit est vrai, mais… » Mais, avec tout cela, Victor Hugo est unique, il est dieu. […] Le fond, c’est quelque idée fausse, incomplète, ou qui même me répugne ; ou bien, c’est quelque idée toute simple, même banale, et que le poète laisse banale, comme Dieu l’a faite.

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