/ 2456
1087. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Il est à craindre qu’un poète ne puisse juger un autre poète avec une équité constante. […] Si nous avouons sans peine notre inaptitude à saisir les vérités métaphysiques, comment se fait-il que personne n’hésite à juger sans appel l’œuvre poétique, infiniment plus spéciale encore ? […] Or, il n’y a de respectable, en fait de poésie, que le Beau, et ce qu’on nomme le public n’a point qualité pour en juger. […] Mais l’iniquité serait grande de juger Auguste Barbier sur ses dernières poésies. […] Dès qu’un vers bien construit, bien rhythmé, d’une riche sonorité, viril, net et solide, nous frappe l’oreille, il est jugé et condamné, en vertu de ce principe miraculeux que nul ne possède toutes les puissances de l’expression poétique qu’au préjudice des idées, et qu’il ne faut pas sacrifier le fond à la forme.

/ 2456