C’est absolument comme si je voulais me comparer avec Shakspeare qui ne s’est pas fait non plus, et qui cependant est un être d’une nature plus élevée, que je ne regarde que d’en bas, et que je ne peux que vénérer. » Ce sont les jugements d’un tel homme sur la littérature française qu’il nous est précieux et intéressant de recueillir. […] Il faut distinguer deux temps très-différents, deux époques, dans les jugements de Gœthe sur nous et dans l’attention si particulière qu’il prêta à la France : il ne s’en occupa guère que dans la première moitié et, ensuite, tout à la fin de sa carrière. […] Aussi, quand ils nous louent, ce n’est jamais qu’ils reconnaissent nos mérites, mais c’est seulement parce que nos idées viennent augmenter les forces de leur parti. » Il fut bientôt amené à réformer ce jugement et à le rétracter peu à peu : « Il ne faut pas, disait-il moins d’un an après (11 juin 1825), prononcer de jugement sur l’époque actuelle de la littérature française. […] La jeunesse d’Ampère le frappa et contrastait en effet avec l’étendue et l’impartialité de ses jugements. […] Cousin, Villemain, Guizot, alors dans tout l’éclat de leur enseignement, il avait les jugements les mieux fondés et les plus équitables ; il reconnaissait l’éminent mérite de tous les trois, mais il accordait particulièrement au dernier.