Je serais fixe si je le voulais ; je serais capable de juger les œuvres, au lieu d’analyser l’impression que j’en reçois ; je serais capable d’appuyer mes jugements sur des principes généraux d’esthétique ; bref, de faire de la critique peut-être médiocre, mais qui serait bien de la critique… Seulement alors, je ne serais plus sincère. […] Toute une philosophie de l’histoire littéraire et, à la fois, toute une esthétique et toute une éthique sont visiblement impliquées dans les moindres de ses jugements. […] Si tel de ses jugements particuliers paraît « étroit », comme on dit, ce n’est que par une illusion ou un abus de mots : car toute une conception de l’esprit humain et de la destinée humaine tient dans l’ampleur sous-entendue de ses considérants. […] Mais ne voyez-vous pas que classer ceux-ci, c’est, au bout du compte, distribuer en groupes et juger ceux-là, et qu’ainsi la critique subjective arrive finalement au même but que l’objective, par une voie plus humble, plus couverte et peut-être moins aventureuse, puisqu’on est beaucoup moins sûr de ses jugements que de ses impressions ?